Quelles négociations salariales pour 2023 ?
Face à un marché du travail compliqué et dans un contexte d’inflation, les salariés vont rechercher à maximiser leur salaire que ce soit au niveau de l’embauche comme au cours de la vie en entreprise.
Les négociations annuelles obligatoires (NAO) pour les augmentations de salaires au sein des entreprises en 2023 risquent d’être très tendues, en raison de la hausse du coût de la vie. En décembre 2022, l’inflation a été de 5.9% et un pic à 7% est attendu sur janvier et février 2023, selon les derniers chiffres de l’INSEE, avant de redescendre à 5.5% en juin. Depuis les années 1980, les Français n’avaient pas connu une telle inflation !
Des salariés de plus en plus exigeants
Selon une étude HelloWork, les négociations salariales en tant de crise risquent d’être compliquées.
1. Au niveau du recrutement
Si le salaire proposé dans l’offre est inférieur aux attentes, seuls 62% des potentiels candidats postuleront quand même dans l’optique de négocier plus tard
De plus si cette négociation se solde par un échec :
• 34% des potentiels candidats mettront fin au processus de recrutement
• 45% des potentiels candidats accepteront l’offre en se réservant le droit de négocier plus tard
• 17% des potentiels candidats accepteront le salaire proposé
2. Au niveau des salariés en poste
Un salarié sur deux a négocié son salaire à l’entrée mais
• 39% estiment l’avoir mal négocié
• 12% estiment ne l’avoir pas du tout bien négocié
Quand on demande aux salariés de se situer par rapport au marché
• 16% estiment être bien payés
• 34% se disent dans la moyenne
• 50% pensent être sous payés
66% des salariés interrogés lors de cette étude, annoncent qu’ils demanderont une augmentation en 2023.
Voici les arguments avancés pour justifier de cette demande d’augmentation
• 75% disent avoir bien réussi leur année
• 53% parlent du contexte actuel avec l’inflation et l’augmentation du coût de la vie
De plus, les salariés espèrent une augmentation plus élevée que l’an passé
• Seuls 28% sont prêts à accepter une hausse d’un niveau similaire à 2022
Comment DRH et salariés pourront-ils trouver un terrain d’entente ?
Les entreprises comme les DRH ne pourront pas suivre ! Elles sont prêtes à écouter leurs salariés mais elles n’auront pas les fonds suffisants après la crise sanitaire et la crise économique pour augmenter leur masse salariale de manière très conséquente.
Ainsi, même si 80% des recruteurs sont prêts à entamer des discussions avec leurs salariés, il est à noter que 25% des collaborateurs le feront directement pendant l’entretien mais que 55% attendront les échanges suivants.
Quand est-il alors des enveloppes globales prévues pour les augmentations au sein des entreprises ?
〉 Augmentations beaucoup plus élevées (10%)
〉 Augmentations un peu plus élevées (38%)
〉 Augmentations stables (45%)
〉 Augmentations en baisse (7%)
Ainsi, il risque d’y avoir un vrai décalage entre les attentes et les moyens alloués aux DRH. Les salariés veulent une hausse de 6% quand du côté des sociétés, celle-ci est envisagée plutôt aux alentours de 3%.
La conséquence peut être dramatique pour le marché du travail qui est déjà sous pression avec un rebond du « quiet quitting ». Pour rappel, le « quiet quitting » est un phénomène qui qualifie un nouveau mode de fonctionnement de l’activité salariale après la pandémie. Les salariés ne quittent pas leur poste mais effectuent le strict minimum tant au niveau des horaires de travail qu’en termes de missions qu’ils acceptent de se voir confier.
Si les entreprises doivent rajouter à cette démission silencieuse, le départ des salariés insatisfait de leur augmentation, les entreprises ont du souci à se faire en termes de recrutement et de rétention de leurs talents sur 2023 !
Seuls 5% des recruteurs sont prêts à revaloriser les salaires de 8% et plus quand 43% des salariés comptent demander une hausse de 8% et plus.
Face à cette inadéquation entre les possibilités des entreprises et les souhaits des salariés, quelles solutions sont envisageables ?
La hausse des salaires sur 2023 est estimée à 4% en moyenne en France, selon les cabinets spécialisés. Un record versus les années précédentes mais ce pourcentage ne viendra pas compenser la hausse générale des prix. En clair, la moitié des augmentations seront au-dessus de 4% et l’autre moitié au-dessus.
Selon une étude du Cabinet Willis Towers Watson (WTW), cette augmentation de 4% serait la conséquence de plusieurs phénomènes
• 84% des entreprises ont revu leurs budgets à la hausse du fait de l’inflation
• 46% des entreprises veulent tenir compte des tensions sur le marché de l’emploi et du recrutement
• 36% des entreprises cherchent à retenir leurs talents
Mais seuls 22% des dirigeants affirment qu’ils augmenteront leurs salariés proportionnellement à l’inflation en 2023.
Alors que les salaires réels sont beaucoup plus faibles qu’en 2019, selon la BCE (Banque Centrale Européenne) et que celle-ci prévoit une hausse des salaires en zone euro pour 2023, comment la France va-t-elle suivre la dynamique des pays frontaliers.