Subrogation IJSS : comment fonctionne réellement le circuit de remboursement

Subrogation IJSS : comment fonctionne réellement le circuit de remboursement
La subrogation des Indemnités Journalières de Sécurité sociale (IJSS) est un mécanisme central dans la gestion des arrêts maladie en entreprise. Lorsqu’un employeur maintient tout ou partie du salaire d’un salarié absent, il avance les IJSS et en demande ensuite le remboursement à la Sécurité sociale. En théorie, le principe est simple. En pratique, le circuit de remboursement est plus long, plus fragmenté et plus exigeant qu’il n’y paraît.
Comprendre précisément comment s’enchaînent les étapes, depuis l’arrêt de travail jusqu’au remboursement effectif, est indispensable pour fiabiliser les processus RH et sécuriser les flux financiers.
1. Le déclenchement du processus : l’arrêt de travail
Tout commence par la prescription d’un arrêt de travail. Le salarié transmet son arrêt à la CPAM et à son employeur dans les délais réglementaires. À partir de ce moment, l’entreprise doit déterminer si la subrogation s’applique, soit parce qu’elle l’a choisie, soit parce qu’un accord collectif ou une convention prévoit le maintien de salaire.
Lorsque la subrogation est activée, l’employeur verse au salarié sa rémunération habituelle ou partielle, en intégrant par anticipation les indemnités journalières qui seront ultérieurement remboursées par la Sécurité sociale. L’entreprise devient alors un acteur à part entière du circuit IJSS.
2. L’attestation de salaire : une étape structurante
Pour que la CPAM puisse calculer les droits du salarié et procéder au versement des IJSS, l’employeur doit transmettre une attestation de salaire. Cette déclaration, le plus souvent réalisée via la DSN événementielle, constitue un point clé du processus.
Elle permet à la CPAM d’identifier le salarié, de vérifier les dates exactes de l’arrêt, de calculer le salaire de référence et de prendre en compte la subrogation. La qualité de cette déclaration conditionne directement la suite du circuit. Une information manquante, une incohérence de dates ou une subrogation mal déclarée peuvent entraîner des retards significatifs, voire un blocage complet du dossier.
3. Le calcul des IJSS et leur versement à l’employeur
Une fois l’attestation de salaire traitée, la CPAM procède au calcul des indemnités journalières. Ce calcul dépend de plusieurs paramètres, notamment le salaire antérieur, la nature de l’arrêt, l’existence d’un délai de carence et la durée de l’absence.
En cas de subrogation, les IJSS ne sont pas versées au salarié mais directement à l’employeur. Les paiements peuvent être fractionnés et s’étaler dans le temps, en fonction de la durée de l’arrêt et des prolongations éventuelles. Chaque versement donne lieu à l’émission d’un bordereau de paiement d’IJSS, document indispensable pour identifier les sommes perçues et les rattacher au bon arrêt.
4. Les prolongations : une source fréquente de complexité
Dans de nombreux cas, l’arrêt initial est suivi d’une ou plusieurs prolongations. Ces prolongations doivent être correctement intégrées au dossier pour garantir la continuité du versement des IJSS.
Sur le plan opérationnel, cela suppose que chaque prolongation soit transmise dans les délais, correctement rattachée à l’arrêt initial et prise en compte dans les déclarations employeur. Le moindre décalage peut provoquer une rupture dans le circuit de remboursement. Les IJSS peuvent alors être versées partiellement ou rester en attente, sans signalement explicite.
5. Le rapprochement et le suivi des remboursements
Une fois les IJSS versées, l’employeur doit effectuer un travail de rapprochement entre les montants reçus, les arrêts concernés et les salaires maintenus. Cette étape est souvent sous-estimée alors qu’elle conditionne la fiabilité du recouvrement.
Les difficultés apparaissent notamment lorsque plusieurs arrêts se succèdent, lorsque les versements sont échelonnés ou lorsque les bordereaux de paiement sont reçus avec retard. Sans suivi rigoureux, certaines sommes peuvent rester non identifiées ou ne jamais être rapprochées du bon dossier.
6. Délais, retards et risques de non-recouvrement
Le circuit IJSS s’inscrit dans un temps long. Entre le début de l’arrêt et le remboursement complet, plusieurs semaines, voire plusieurs mois, peuvent s’écouler. En l’absence de pilotage, les risques s’accumulent : dossiers incomplets, versements partiels non détectés, absence de relance et, à terme, perte définitive des montants dus.
Ces situations expliquent pourquoi la subrogation, pourtant conçue comme un mécanisme neutre financièrement, peut devenir une source de déséquilibre pour l’entreprise.
Conclusion : un circuit à piloter, pas à subir
La subrogation des IJSS repose sur un principe simple, mais son exécution est exigeante. Chaque étape — déclaration, calcul, versement, prolongation, rapprochement — doit être suivie avec précision pour garantir le remboursement effectif des sommes avancées.
La maîtrise du circuit de remboursement n’est donc pas uniquement un sujet administratif. C’est un enjeu de fiabilité financière, de coordination entre les équipes RH, paie et comptabilité, et de sécurisation de la trésorerie. Comprendre ce fonctionnement réel est la première condition pour reprendre le contrôle sur les IJSS.
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